Expositions

Le rétrécissement du monde

Montréal

    Exposition, sous forme de cadavre exquis, construite sur des invitations successives, Le rétrécissement du monde questionne, ébranle et met en péril le rôle du commissaire. Pour être efficace, cette expérimentation nécessite de laisser le processus advenir et de découvrir les œuvres au fur et à mesure. Les limites entre les artistes et les commissaires sont ici poreuses ; le rôle de ces derniers opère un glissement et se retrouve ainsi partagé avec les artistes. C’est justement cette logique du glissement et de la perte de contrôle qui prime dans ce projet dans lequel le processus est autant mis en valeur que la réalisation finale.

    Le concept des « degrés de séparation » a été souligné en 1929 par Frigyes Karinthy (1887-1938) dans sa nouvelle Láncszemek, dans laquelle il met en lumière le fait que toute personne est au plus à cinq maillons de relation de toute autre personne dans le monde. Selon cette théorie, n’importe quel individu dans le monde peut donc être connecté à la personne de son choix par un maximum de cinq contacts.

    Inspiré·e·s par cette théorie, par la prépondérance des mises en relation dans notre quotidien (à travers des réseaux sociaux comme LinkedIn, Facebook, etc.) et à la lumière de la pandémie COVID-19 qui a profondément bouleversé nos interactions sociales, nous avons voulu mettre cette théorie en action. L’exposition Le rétrécissement du monde peut être perçue comme un espace de réflexion proposant la mise en œuvre de ce concept sans toutefois lui fixer de « destination ». Les rencontres et les échanges sont donc au cœur du processus de cette exposition qui suit un protocole spécifique :

    En tant que commissaires de l’exposition, nous avons choisis un·e artiste en l’avons laissé·e libre du choix de l’œuvre exposée; Cet·te artiste a ensuite désigné l’artiste suivant·e, lui offrant à son tour la possibilité de présenter l’une de ses œuvres et de choisir la troisième personne invitée et ainsi de suite, jusqu’au dernier maillon ; La sélection finale des six œuvres est basée sur des propositions individuelles et constitue une vision collective. Les raisons de ces choix ne sont pas directement visibles dans l’espace d’exposition, laissant le public libre d’interpréter cette chaîne ; L’accrochage respecte la chronologie et les liens de la chaîne. Ce projet interroge et analyse non seulement la construction des liens sociaux, mais également leur dérive esthétique ou intellectuelle. En effet, chaque œuvre est liée à la précédente, mais le lien est entendu au sens large. Il peut s’agir d’une similitude de médium, de lieu de création ou encore de sujet. Tout aura été laissé au hasard des liens et des rencontres.

    Si la montée en puissance et la prépondérance de l’Internet a permis de réduire ces degrés de séparation, la pandémie a considérablement complexifié les rencontres humaines et les découvertes artistiques. Le rétrécissement du monde entend questionner tout cela.

    Réalisations