Vue de haut d'une machine à écrire ancienne sur une table de bois.

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Appels

Appel  : La collection est-elle une ressource ou un fardeau ?

Appel à communications. Date limite : 2 avril 2024

Montréal
Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM)
Paris

    La collection est-elle une ressource ou un fardeau ? est le troisième colloque international du Groupe de recherche et de réflexion CIÉCO dans le cadre du Partenariat Des nouveaux usages des collections dans les musées d’art. Il est organisé par l’axe 1 – la collection exposée sous la direction scientifique de Cécile Camart (Université Sorbonne Nouvelle), Marie Fraser (Université du Québec à Montréal) et Jérôme Glicenstein (Université Paris 8). Se déroulant à Paris et à Montréal, le colloque est présenté en collaboration avec la Chaire de recherche en études et pratiques curatoriales de l’Université du Québec à Montréal, le Laboratoire Arts des images et art contemporain (AIAC – UR 4010) de l’Université Paris 8, le Laboratoire international de recherches en arts (LIRA – UR 7343) de l’Université Sorbonne Nouvelle et le Musée des beaux-arts de Montréal.

    Nous proposons d’envisager sous de multiples angles les aspérités de la mise à vue des collections dans les musées d’art, en partant du postulat que le concept même de collection est, si ce n’est battu en brèche, du moins en pleine révolution, et que son statut connaît des bouleversements (d’ordre esthétique, juridique, éthique et épistémologique). Si la collection se présente comme une ressource précieuse, peut-on se départir une bonne fois pour toutes du concept de « chef d’œuvre », le reléguer à l’arrière-plan, et choisir d’exhumer les objets les moins lisibles, voire les plus sensibles ou les plus risqués, et comment les montrer ? Quel périmètre accorder à une collection « surexposée » ou au contraire à une collection « sous-exposée » ? Faut-il renoncer à puiser dans les vestiges d’un patrimoine en situation d’anachronisme avec les enjeux actuels des musées ?

    Les collections muséales revêtent aujourd’hui un caractère ambivalent en raison des tensions contradictoires exercées par différentes temporalités : archives du passé imprescriptibles, elles ont pourtant vocation à s’accroitre en s’efforçant de refléter l’esprit du temps présent, tout en pariant sur l’avenir. Quelle que soit la facette observée, les vertus unificatrices de toute collection semblent se dissoudre dans la révélation de ses lacunes : d’une part, l’étude des archives soulève bien des points aveugles et des replis de la mémoire à l’endroit des mouvements d’œuvres et de la genèse de toute collection et, d’autre part, les stratégies d’acquisition visent souvent à combler les manques, à compléter des séries et parfois à réparer les erreurs, à compenser (ou à panser) les oublis. Comment concilier ce rapport aux strates archéologiques, considérées comme de potentiels trésors, avec la nécessité de relire de manière radicalement différente les liens que les musées d’art souhaitent bâtir aujourd’hui avec les publics, les communautés, les groupes citoyens ? Comment partager tous ces blocs immergés de l’histoire des musées, comment rendre compte aujourd’hui des oblitérations que contient toute collection et quels comptes doit-on rendre, redistribuer, restituer ? En présumant que toute collection demeure irrémédiablement lacunaire, fragmentaire, amnésique, comment métamorphoser ces fantômes en puissants leviers de réécriture des fonctions muséales ? Le fardeau de l’amnésie n’ouvre-t-il pas de nouvelles ressources ?

    C’est au moment même où il s’agit d’exposer la collection que surgit la question centrale à l’origine de ce colloque : la collection est-elle une ressource ou un fardeau ? Penser les collections comme ressource suppose qu’elles soient inépuisables, variées, illimitées, qu’elles puissent être exploitées, mais aussi qu’elles représentent un moyen permettant de passer à l’action, un moyen dont peut disposer une collectivité. Penser les collections comme fardeau renvoie au poids du passé et des choix qui ont été faits selon des critères correspondant à une conception du musée remise en cause, mais aussi à la responsabilité face à l’intégrité et à la préservation des œuvres d’art.

    Ce colloque entend traiter de ces questions, en multipliant les approches et sans se limiter à un champ disciplinaire (muséologie, histoire de l’art, arts plastiques, économie, anthropologie, sociologie…). Il se déroulera en deux phases : la première aura lieu à Paris, le 14 septembre 2024, et la deuxième à Montréal, du 21 au 23 novembre 2024.

    Pré-colloque à Paris à l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), le 14 septembre 2024

    À l’usage qui voudrait que les musées soient constitués de collections patiemment acquises et proposées au public dans des bâtiments spécialement conçus à cet effet, s’est substituée une nouvelle configuration où tant la forme du musée que l’idée de collection sont mises en doute. Les collections ont pourtant longtemps été vues comme la raison d’être du musée, comme une richesse, une sorte de trésor sacré, voire un « actif », susceptible de générer des bénéfices. Ces dernières années, la stabilité des collections qui a longtemps été au centre de leur existence ne va plus de soi. Des doutes s’installent et diverses questions se posent : les collections sont-elles encore au fondement de l’identité du musée ? Comment les publics, les communautés et les groupes citoyens peuvent-ils s’approprier les collections ? Faut-il interroger et repenser leur statut ? L’exposition des collections est-elle le moment et l’espace pour soulever ces questions ? Que ce soit lors d’un réaménagement des salles permanentes, de projets curatoriaux ou artistiques, la mise à vue des collections est-elle l’occasion de jeter un regard à la fois rétrospectif et prospectif sur le musée ?

    Colloque à Montréal au Musée des beaux-arts de Montréal, le 21 novembre 2024 (conférence d’ouverture) et à l’Université du Québec à Montréal, les 22 et 23 novembre 2024

    Quoi exposer, pourquoi et comment ? Peut-on tout exposer ? Que sait-on des intentions et des motivations à l’origine des mises à vue de collections ? Peu documentée et peu étudiée, l’exposition des collections est méconnue. Elle est paradoxalement l’aspect du musée le plus visible et le plus opaque. Comment repenser la collection et comment réévaluer son espace d’exposition normé ? Mises en série d’œuvres selon une « certaine » histoire (canonique, occidentale, coloniale), quelles sont les nouvelles modalités ou les stratégies d’exposition qui viseraient à interroger, à actualiser, voire à requalifier les collections ? Quelle place accorder aux salles permanentes et aux accrochages figés au regard d’autres projets de recherche et de monstration : exposition temporaire, conservation curative, visibilité des réserves, statut de l’archive, sortie d’œuvre, cérémonie, performance… ? Ces pistes de réflexion nous conduiront à nous saisir d’un corpus en particulier, de pratiques muséales singulières ou d’un terrain d’enquête, afin de confronter une diversité d’hypothèses et de propositions.

    Les propositions de communication doivent être envoyées à la coordonnatrice de l’axe 1 du Partenariat, Marilie Labonté au plus tard le 2 avril 2024, et contenir les informations suivantes :
    • Titre de la communication ;
    • Résumé de la communication (500 mots) ;
    • Références bibliographiques ;
    • Courte notice biographique (100 mots) ;
    • Affiliation institutionnelle (université, centre de recherche, musée, organisme culturel ou artistique, etc.) ainsi que l’adresse courriel.

    Partenaires

    Membres

    Cécile Camart
    Portrait d'une femme souriante aux cheveux blonds ondulés.

    Cécile Camart

    Maîtresse de conférences en histoire de l’art contemporain et muséologie, Université Sorbonne Nouvelle

    Jérôme Glicenstein
    Portrait d'un homme souriant n'ayant pas de cheveux sur le haut du crâne et portant une chemise de couleur violet.

    Jérôme Glicenstein

    Professeur au Départements d’Arts plastiques et de Photographie, Université Paris 8

    Marie Fraser
    Femme vêtue d'une veste bleu se tenant devant un édifice en brique sur lequel est inscrit « Canadassimo »

    Marie Fraser

    Professeure au Département d’histoire de l’art, Université du Québec à Montréal

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